vendredi 4 mai 2012

Jugé pour avoir aidé sa femme de 83 ans à mourir

"Ce matin-là elle m'a demandé tous les médicaments. Je l'ai aidée à les décapsuler et lui ai apporté un verre d'eau, qu'elle a bu avec. J'ai attendu qu'elle soit décédée pour appeler le médecin". Jean Mercier, 83 ans, ancien contrôleur de travaux chez EDF et marié depuis 55 ans, raconte comment, le 10 novembre dernier, il a aidé son épouse malade à mettre fin à ses jours. C'était à leur domicile de Saint-Etienne. Et pour Jean Mercier, il s'agissait tout simplement d'un "acte d'amour". Son épouse Josanne, du même âge que lui, "souffrait de dépression. Depuis 5-6 ans elle avait de l'arthrose lombaire et bougeait difficilement. Elle s'était cassé le poignet 15 jours auparavant". 



"Nos deux enfants ont compris et me soutiennent", affirme Jean Mercier, qui a aussi quatre petits-enfants. Les enfants, peut-être ; mais la justice, elle, se montre moins compréhensive. Il se retrouve poursuivi pour "homicide volontaire" et "non-assistance à personne en danger". Dès le 11 novembre, à l'issue de sa garde à vue, il a été mis en examen. Il a interdiction de se rendre à l'étranger. Leur chambre, sur laquelle des scellés ont été posés, lui est encore interdite d'accès. Entendu mardi par un juge d'instruction de Saint-Etienne, il doit être convoqué de nouveau dans les prochaines semaines, et ne devrait pas être jugé avant plusieurs mois.
"Ça fait vingt ans qu'on s'était mis d'accord

Jean Mercier assume ce qui s'est passé, même s'il y a "toujours un fond de culpabilité qui vient me tarauder", souligne-t-il. "Je ne m'attendais pas à des poursuites pour homicide volontaire", reconnaît-il, espérant un non-lieu sur ce point. Selon lui, "ça s'est passé comme elle le souhaitait. Ça fait vingt ans qu'on s'était mis d'accord pour l'un et l'autre. Depuis près de deux ans, elle avait adhéré à l'Association pour le droit de mourir dans la dignité". Un des administrateurs de l'association, Mickaël Boulay, également avocat, le défend. 

Atteint lui-même de la maladie de Parkinson et d'un cancer de la prostate, il "espère pouvoir faire la même chose pour lui-même" lorsque le temps sera venu. Jean Mercier est persuadé que "d'ici quatre-cinq ans une loi sera votée" sur la dépénalisation de l'euthanasie. "Je voudrais que mon exemple serve", dit-il.

mercredi 2 mai 2012

François Hollande promet l’euthanasie

Voici, in extenso, la mesure n°21 de son tout nouveau programme :

"Je proposerai que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer" 
 
Bien sûr le texte socialiste évoque un cadre qui se veut rassurant : « dans des conditions strictes et précises ».

La veille de cette annonce, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, qui regroupe 47 États, vote une résolution historique qui contient une disposition rejetant fermement l’euthanasie :  

« L’euthanasie, dans le sens de l’usage de procédés par action ou par omission permettant de provoquer intentionnellement la mort d’une personne dépendante dans l’intérêt allégué de celle-ci, doit toujours être interdite. »


vendredi 6 avril 2012

L’affaire Humbert : un symbole du droit à l’euthanasie en France


Il y a maintenant 12 ans, en 2000, le jeune Vincent Humbert devient tétraplégique à la suite d’un grave accident de voiture. Sa mère, Marie, l’accompagne chaque jour face à cette terrible situation.

Deux ans plus tard, Vincent rédige un texte au Président de la République nommé "le droit de mourir".
Enfin, en 2003, sa mère décide de répondre au souhait de son fils et après lui avoir donné de fortes doses de sodium, Vincent est plongé dans un profond coma. Quelques jours plus tard, le docteur Chaussoy (en charge de Vincent Humbert) décide d’arrêter le service de réanimation et répond à la demande de la famille.
En 2006, le docteur  Chaussoy et Marie Humbert sont respectivement accusés de « empoisonnement avec préméditation » et « administration de substances toxiques ». Ce procès donnera un non lieu, ce qui est une première en France.

Cette histoire a bouleversé et ému l’ensemble des français. Vincent Humbert, reste le symbole d’une personne souhaitant mourir, et ayant obtenu ce qu’il souhaitait. Sa mère, continue de se battre pour le droit à l’euthanasie avec l’association « Faut qu’on s’active ».
Cette affaire a bénéficié d’une couverture médiatique importante. Or aujourd’hui, de nombreuses personnes souhaitent bénéficier du « droit à mourir » mais ne sont pas entendues. La France et l’ensemble de ses responsables politiques n’y prêtent pas attention, car on le sait aujourd’hui, l’euthanasie reste un « sujet qui dérange ». La mère de Vincent Humbert aimait son fils. Aimer quelqu’un, c’est aussi comprendre ses souffrances et écouter ses désirs. Ses «désirs » peuvent aller jusqu’à celui de vouloir mourir, et cela une grande partie des français n’arrivent pas à l’entendre.

Marie Humbert reste convaincue qu’il fallait donner la mort à son fils. Son fils ne « vivait » plus, il « survivait ». L’euthanasie est une question complexe qui mérite un  vrai débat national. Ce type d’affaire doit servir de véritable « base » à ce débat. 

mercredi 4 avril 2012

L'euthanasie hors des frontières


Même si en France, l’euthanasie reste interditeplusieurs pays européens ont franchis la ligne de l’euthanasie active.

La Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas ont légalisé l’euthanasie tandis que La Suisse et la Finlande ont légalisé l’assistance médicale au suicide (cette méthode consiste à donner une dose mortelle d’un médicament, fournie par un médecin, à un patient qui le prendra seul).

De nombreux pays ont la même politique que la France à ce sujet, comme l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Norvège ou bien la Finlande. L’euthanasie dite « passive » y est légale ou tolérée. Il s’agit d’arrêter les traitements à la demande du patient mais de continuer à le suivre en essayant de le faire souffrir un minimum.

Cependant n’importe quelle forme d’euthanasie est interdite au Portugal, en Pologne, en République Tchèque, en Grèce, en Croatie, Serbie et en Bosnie. Cette interdiction s’explique notamment par le fait que ces pays ont un fort taux de pratiquants religieux et que cette pratique est interdite par les religions monothéistes.

Mourir dans la dignité : Une cause nationale




L'éuthanasie en France...


L'euthanasie est décrite comme une pratique (action ou omission) visant à provoquer - particulièrement par un médecin ou sous son contrôle  le décès d'un individu atteint d'une maladie incurable qui lui inflige des souffrances morales et/ou physiques intolérables.

La majorité des États ne reconnaît pas ou interdit l'euthanasie et les autres formes d'aide à la fin de vie, mais dans beaucoup d'entre eux, notamment en Europe et en Amérique du Nord, il existe une tolérance implicite ou explicite à l'encontre de ces pratiques, pour autant qu'elles se déroulent dans un cadre réglementé.

En France, il s'agit d'un assassinat ou d'un empoisonnement prémédité punissable théoriquement de la réclusion criminelle à perpétuité. Si la loi réprime formellement l'euthanasie et le suicide assisté, entre 1998 et 2005 les textes règlementaires et législatifs ont cependant élargi les possibilités de cessation de l'acharnement thérapeutique et étendu les droits du malade « à une fin digne » ; et dans la pratique judiciaire, la plupart des affaires ressortissant à ces questions donnent le plus souvent lieu, depuis le début de la décennie 2000, à des non-lieux ou à des peines symboliques. Dans le cas d'une personne n'étant pas gravement malade, la simple connaissance du projet suicidaire sans porter secours peut justifier des poursuites pour "abstention délictueuse de porter secours à personne en danger.

Selon un sondage de 2000, 70% du corps médical français se déclarent favorables ou très favorables à l'exception d'euthanasie (acte voulu par le patient ou son représentant, en accord avec l'équipe de soin). Au cours d'une autre enquête, réalisée par l'INSERM, 45% des médecins généralistes français sont favorables à une légalisation de l’euthanasie comparable à celle des Pays-Bas. 

Le 24 novembre 2009, les députés français ont rejeté une proposition de loi présentée par le député socialiste Manuel Valls visant à légaliser l'euthanasie dans certaines conditions (par 326 voix contre 202).

Pour le Catholicisme dont la doctrine à ce sujet a été rappelée par la lettre encyclique « L'Évangile de la vie » du pape Jean-Paul II en 1995, l'euthanasie est en opposition directe avec le 5e commandement: « Tu ne tueras point » (Exode XX/13). En conséquence, toute forme d'euthanasie est prohibée.
« (...) l’euthanasie est donc un crime qu’aucune loi humaine ne peut prétendre légitimer. Des lois de cette nature, non seulement ne créent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraînent une obligation grave et précise de s’y opposer par l’objection de conscience ». Evangelium vitae, n°73
Cette interdiction entre dans le cadre plus général de la dénonciation d'une « culture de mort» des sociétés occidentales pour lesquelles « une incapacité irréversible prive une vie de toute valeur ». Au contraire, pour les catholiques, la profondeur de la vocation surnaturelle de l'Homme révèle la grandeur et le prix de sa vie humaine, même dans sa phase temporelle.